TERROIR : VOICI TOUTE L’HISTOIRE DU PEUPLE KOULANGO

  • Par Eri
  • 02 Sept. 2021
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En Côte d’Ivoire, les Koulango occupent la partie nord-est du pays, Région du Bounkani, département de Bouna, près de la frontière avec le Ghana située à 603 km au nord d'Abidjan.


HISTOIRE

Le Royaume Koulango de Bouna a été fondé au début du 17ème siècle par un certain Bounkani, un héros de père Dagomba (actuel Ghana)  et de mère Lorhon.

La création de ce royaume n’a pas été sans conséquences socio-économiques et politiques pour le peuple Lorhon (proto-Koulango) qui va passer d’une petite et moyenne chefferie, à un royaume guerrier de type Dagomba. Et ce, par voie de conquête. Le royaume Koulango devient ainsi, le premier Etat avec Pouvoir centralisé à s’être formé dans les frontières de l’actuelle Côte-d’Ivoire.

SITUATION GEOGRAPHIQUE DU ROYAUME

Le Royaume de Bouna est situé au Nord-Est de la Côte-d’Ivoire. Il est limité au Nord par le Burkina Faso, à l’Est par la Volta Noire, au Sud par le Royaume Abron et à l’Ouest par la Comoé. Le siège social du Royaume est à BOUNA, à 586 kilomètres d’Abidjan, dans un relief monotone.

ORIGINES DE LA ROYAUTE

Les Lorhon sont les ancêtres des Koulango. Vers le 11ème Siècle, ils occupaient essentiellement la région de BOUNA, au sein d’une chefferie détenue par le Roi Haîngèrè, lequel assumait également les fonctions de chef de terre (Gôrô-Issiè). Kodo, un village situé à 60 km de Bouna entre Varalé et Doropo, était alors le siège de cette chefferie.

La légende raconte que le Roi Haîngèrè avait une sœur dénommée Mantou. Celle-ci eut une relation avec GARZYAO, un prince Dagomba originaire de Doloma (actuel Ghana), et qui était avec ses troupes, les hôtes du Roi Haîngèrè. De cette liaison naîtra vers 1583, BOUNKANI, le héros fondateur du royaume de Bouna.

BOUNKANI, ROI DES KOULANGO

Bounkani, le neveu du Roi Haîngèrè doit son nom à un quiproquo, selon la tradition orale. En effet, alors qu’après son séjour, GARZYAO venait de traverser la Volta Noire pour rejoindre les siens, il fut interpellé de l’autre rive par un émissaire du roi qui venait lui annoncer la naissance de son fils et lui demander le nom à donner à l’enfant. Ne comprenant pas ce que le messager lui criait, à travers le flot bruyant du fleuve, GARZYAO répondit : « Bun bo nkane » ; ce qui veut dire en langue Dagomba « Avez-vous besoin encore de quelque chose » ?

Le messager qui ne saisit rien de ce message, rapporta au roi Haîngèrè que le nouveau-né devait s’appeler BOUNKANI. Soldat intrépide, BOUNKANI devint un grand conquérant, il organisa une troupe de jeunes Lorhon en une armée disciplinée acquise à sa cause et s’installa à Lankara, village, aujourd’hui, appelé Dagbeko situé au Sud-Est du royaume, à une vingtaine de kilomètres de Bouna.

A la fois audacieux et rusé, Bounkani parviendra à déposséder sans difficulté son oncle Haîngèrè du trône et à prendre le pouvoir avec la complicité de ses compagnons d’armes.

 

Meurtri et humilié par la trahison de son neveu, le Roi Haîngèrè décide de s’exiler en compagnie de sa femme SITI. Sur le chemin de l’exil, précisément à Hîmbiè, village situé entre Niandégué et la Volta Noire, il disparut sous terre après avoir entonné la chanson de la mort. Une invocation adressée à Dieu (Hiego-Issiè), le doigt tendu vers le ciel, permettait à ceux qui l’entonnaient de s’enfoncer sous terre. Seul restait visible ce doigt, qui était alors recouvert d’une calebasse.

Sous le règne de Bounkani, les Lorhon vont connaître de profondes mutations socio-politiques et économiques. Au plan social, alors que les Lorhon étaient organisés en lignages matrilinéaires, Bounkani va instituer un système de succession patrilinéaire. Pour forger une mentalité de conquérants à ses sujets, il les baptisa du nom de « KOULANGO », ce qui veut dire, « ceux qui n’ont pas peur de la mort ». Il mit en place une stratification sociale comprenant par ordre hiérarchique :

- Les Ibouo ou princes (descendants en ligne directe de Bounkani et dignitaires du Royaume) ;

- Les Koulango et autres populations ;

- Les Worosso (descendants d’esclaves) ;

- Les Zaha (esclaves)

D’OU VIENT LE NOM BOUNA ?

La tradition orale relate sur ce point que Mantou, la mère de Bounkani avait l’habitude de préparer les repas de Bounkani avec de la viande de bœuf, et ceux de son fils cadet Fignogori, avec des grillons. Les mauvaises langues racontèrent alors à Bounkani que les mets que sa mère préparait pour son demi-frère, étaient meilleurs à ceux qu’il recevait. Furieux, et se sentant mal aimé depuis toujours par sa mère, qui lui reprochait en fait son tempérament violent et meurtrier, Bounkani décida de se venger en la tuant. Mais au moment où il allait passer à l’acte, sa mère sortit son sein et le lui montra en disant ceci : « Bounkani, fouan gbona » ? Ce qui veut dire en koulango « Bounkani, le grillon est-il plus gros que le bœuf » ? A la vue du sein maternel ; Bounkani tomba de cheval. En souvenir de cet épisode, il décida d’appeler « Gbona » la localité de Kwonkouô où avait eu lieu cette scène. Bouna est donc une déformation de Gbona.

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