Portrait : Gnahoré Jimmy, le père du Polihet.

  • Par Akina De Kouassi
  • 24 Nov. 2020
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Né le 10 février 1958 à Labazubia, Gnahoré Djimi est un musicien et chanteur ivoirien, concepteur du Polihet.


Le Polihet est un genre musical et chorégraphique nourri aux sonorités et aux gestuelles traditionnelles du sud-ouest ivoirien. Gnahore Djimi dont la renommée s’est bâtie à travers le Polihet, avait pris ses quartiers dans la cité populaire de Yopougon à Abidjan.

"On ne tue pas DOBLE", chantait le maitre de la parole qui s'éteignit le 19 août 1996 dans sa 38e année des suites d'une longue maladie. Doble était le surnom de Gnahoré Lago Antoine, ou Gnahoré Djimi pour les admirateurs. L'enfant de LABAZUBIA, dans la sous-préfecture de Boguedia, département d'Issia (ville de Côte d'Ivoire, située au centre-ouest du pays, proche de Gagnoa, Vavoua et Daloa), fredonne ses premiers refrains dans les années 1980 à l’Ahize Club de YAO Hélène dite YAO YOHOU.

L'introduction sur la scène musicale mène Gnahoré Lago Antoine vers l'animation des cérémonies funéraires. Tel un pleureur professionnel, Jimmy partage la " pitié '' du ''désespoir" avec les familles endeuillées.

Et pourtant, les détracteurs de DOBLE étaient convaincus que l'artiste pleurait les revenants qui, en guise de récompense, lui avaient offert le fétiche ayant pour mission de subjuguer ses admirateurs. "Non, vous vous trompez ! répondait-il à travers son morceau célèbre « Azigbo » issu de l'album du même nom. Je tiens mon art de mon père Zounougbo Gnahoré Alphonse et de mon oncle feu Srolou Gabriel (lui-même musicien et inventeur du Tohourou). Puis il ajoute dans Azigbo de façon véhémente : "Vous mentez !".

L'enfant de Labazubia va lentement mais sûrement. C'est ainsi qu'au cours d'une tournée au pays Niamboua ou Nie?de?boua en 1988, il découvre le Polihet, une danse provenant du patrimoine du pays Niamboua ou Nie?de?boua au centre-ouest de la Côte d'Ivoire. Il abandonne lors la musique moderne en vue de s'investir dans le giron de la tradition. Le Polihet nait en 1989 au BOMANIN sous la houlette de ses managers Arsène Douoh et Martin Fallet Lago et franchit les frontières du village pour se sédentariser en ville sous une autre coloration. A l'origine, le Polihet était considèré comme une danse tonique s'exécutant au clair de lune en pays Niamboua ; ceci en vue de se remonter après les dures épreuves quotidiennes. Le Polihet était pratiqué à toutes les occasions, notamment dans les cérémonies funéraires, les baptêmes ou les mariages. C'est sous cette forme que Gnahoré Jimmy le mettra en valeur à travers des thèmes marquants comme l'amour, la haine, la mort, la paix. Il produira neuf albums entre 1990 et 1996.

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