PORTRAIT : DU STYLISME A LA PEINTURE, YON A DU STYLE !

  • Par Loukou Alex Raymond
  • 29 Juil. 2021
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Du stylisme à la peinture il n'y a qu'une passerelle et cette passerelle a été vite franchie par Yolande Offese N'Takpe alias YON pour les besoins de la cause.


Formée dans le 16ème Arrondissement à Paris dans la prestigieuse Ecole Byrs International (1982-1985) dédiée au stylisme et au modélisme, YON rêvait de devenir une icône dans ce domaine.

Hélas!  Le décès de son père va la décider à rentrer précipitamment en Côte d' Ivoire. En 2010, la voilà sur les bords de la lagune Ebrié. Elle aménage chez l’une de ses amies dont la résidence était en pleine rénovation. Cette résidence en plein chantier lui donne quelques idées de création.

Sur des morceaux de bois et de contreplaqués qui traînaient dans la résidence, elle donnait libre cours à son inspiration. Elle dessinait des formes sur ces matériaux de fortune. Nous sommes en 2013 et le destin de YON va connaître un basculement.

Des visiteurs sont en admiration devant  les esquisses de peinture proposées par la styliste. Devant tant de prouesses, l’un de ses amis, Saguy Bouabré, auteur-compositeur, l'encourage à se lancer dans la peinture en ces termes : « Avec ce que tu réalises sur ces contreplaqués, tu feras des merveilles sur des toiles... ».

Loin d'être anodine, cette phrase constitua le point de départ de la future carrière d'artiste plasticienne de YON. Désormais, YON peut réaliser ses rêves à travers des toiles. Sa peinture que certains critiques comparent au cubisme interroge le patrimoine culturel africain. YON dit puiser son inspiration dans la statuaire africaine.

A des masques du terroir, elle arrive à donner des formes plus stylées selon son inspiration. Dans son travail où la recherche de l'identité culturelle  revêt un aspect quasi-obsessionnel, l'artiste essaie de mettre en évidence des portraits. « A travers ces portraits, j'essaie d'interroger nos identités culturelles. L'apport de la culture africaine à la culture de l'universel constitue une préoccupation majeure dans mes créations », souligne-t-elle avant de préciser ceci : « L'art africain est présent dans presque toutes les civilisations ».

Dans la plupart de ses créations, le masque revêt deux visages. Pourquoi cette particularité ? Sa réponse est sans équivoque : « De par mon expérience de la vie, j'ai toujours trouvé que l'homme a une double facette. L’une connue, l’autre inconnue ». 

Pour l'artiste, nos rapports avec nos semblables sont compliqués dès lors que nous présentons un double visage. En clair, YON dénonce la duplicité dans les rapports humains. Un pan de ce travail a été révélé aux amateurs d’art lors d’une exposition collective intitulée « Regards croisés sur l'humain » en 2017 à la galerie Houmaki.

Cette exposition fut en quelque sorte l'entrée de YON dans le cercle des artistes-peintres ivoiriens. Pour un coup d’essai, ce fut en quelque sorte un coup de maître si l'on s'en tient au succès remporté par les œuvres de YON. Pour une autodidacte, elle ne pouvait pas mieux espérer...

Si huit de ses tableaux  trônent désormais dans le hall d’attente de l’immeuble Carbone au Plateau, siège de la Fondation Adama Toungara, c'est la preuve que son travail est apprécié. Depuis lors, YON essaie de montrer davantage son travail au grand public.

Le 26 juin dernier lors de la 3ème édition du Salon des Grandes Cimaises d'Abidjan à la maison Sopi (Cocody-Mermoz), nous l'avons retrouvée avec  « Congo » et « Zaïre »,  deux toiles représentant deux masques stylisés de ces deux pays.

Un détour à cette expo vous permettra à coup sûr de découvrir ou redécouvrir la signature de YON qui prend toute sa place sur l'échiquier artistique ivoirien.

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