Editorial-2/Le COVID-19 : Nous avons des leçons à en tirer.

  • Par Aboubacar Ben Doumbia
  • 02 Avr. 2020
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Dans son dernier message à la Nation Ivoirienne, intervenu avant le confinement du Grand Abidjan, le Président Alassane Ouattara fait appel à toutes les compétences en vue d’aider la Cote d’Ivoire à se défaire du COVID-19.


Un détail des plus remarquables, c’est que le Président Alassane Ouattara associe pour la toute première fois et de manière officielle les tradi-praticiens, dans le combat à mener contre l’ennemi redoutable.

Nous nous réjouissons de constater que l’Etat reconnait enfin les compétences de la pharmacopée ; oui, il est heureux de voir que ceux et celles qui, à partir des plantes naturelles dont abonde encore notre sous-bois, font des recherches méticuleuses et réussissent à guérir des cas ordinaires ou désespérés. Cette réhabilitation de la médecine traditionnelle, espoir de bien des populations en zones rurales, donne de l’espoir. En effet, si nos dirigeants osent impliquer l’expertise de ces hommes et ces femmes qui détiennent une parcelle du savoir ancestral, c’est qu’il est désormais possible dans la gouvernance de valoriser ce qui restitue notre identité propre.

Pourquoi se réjouir pour si peu ? C’est que jusque-là, nos élites intellectuelles, nos technocrates et nos décideurs ne prenaient en considération que ce qui est estampillé « Made in Europa », « Made in USA » ou encore « Made in China ». Accentuant de façon outrancière notre aliénation et déniant à nos cultures multiséculaires toute réactivité face aux innombrables défis qui se présentent sur le chemin du développement de nos sociétés. Osons espérer qu’à la suite de cette crise liée au COVID-19, l’Afrique entière ne rejette plus les solutions, les expertises et les valeurs qui fondent notre spécificité dans un village planétaire trop monocolore.

On a trop souvent appliqué aveuglement les programmes concoctés dans les officines occidentales ! On a trop éprouvé les systèmes mis en place par les experts venus d’ailleurs ! Et tout cela, pour déboucher où ? Sur des chemins sans issue, des sociétés aux appétits insatiables ! Au finish, ici comme ailleurs, nous avons bâti un univers où seul compte le matériel ; où l’argent est perçu comme divinité suprême !

Eh oui, tout se passe comme si l’être humain ne saurait être heureux là où il n’y a pas de richesse matérielle. Pourtant, dans nos villages, hameaux et campements (où l’on a peu d’infrastructures modernes), il n’y a pas de stress, ni pollution, ni suicide ! C’est donc une bonne raison pour nous, peuples africains, de tirer de la présente crise du COVID-19 des leçons salubres :

    *savoir qu’adopter les mêmes choix que ces occidentaux, sans une petite dose d’africanité, ne peut qu’être suicidaire pour nous ;

    *nier la place de Dieu dans notre vie et ériger l’argent en divinité ne nous conduiront jamais à l’épanouissement ni au salut de nos âmes ;

    *défier les lois naturelles en désacralisant tous les tabous ne nous mènera qu’à la déchéance.

Il est évident que l’entreprise ne sera point aisée. Nous nous sommes trop égarés : il existe aujourd’hui trop de crimes rituels, trop de voies d’arnaques, trop peu d’amour du prochain, trop peu de respect, trop peu de loyauté ! Notre société protégée jadis par des interdits enregistre hélas aujourd’hui trop de déviances : pédophilie, homosexualité, inceste, mariages forcés, prostitution à ciel ouvert…

Là où certains pensent que l’Africain est victime d’un déterminisme extérieur ; là où d’autres rêvent d’une révolution salvatrice, moi je dis que nous avons juste besoin de prendre la bonne décision en toute situation. Pensons toujours à faire la fierté de notre continent, à faire toujours honneur à notre race partout où l’on se retrouve : dans un trou, un taudis, une villa ou un château. Nous pouvons encore donner des chances à l’Afrique de devenir la référence mondiale au plan éthique.  

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