Culture: Le ‘’Moriba-Yassa’’ : une histoire d’amour légendaire.

  • Par Yaya konaté
  • 27 Juil. 2020
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Cette tradition vient d’une légende née au Mali ; elle s’est propagée dans toute la sphère mandingue en Afrique de l’Ouest. Allons à la découverte d’une histoire d’amour émouvante !


Depuis de nombreux siècles, de génération en génération, les peuples d'Afrique de l'Ouest célèbrent "Moriba-Yassa", une danse qui s’exécute lorsqu’on a vu son vœu le plus cher exaucé. Cette tradition remonte à une légende née au Mali. On vous raconte cette improbable rencontre entre une femme et un homme dont l'union devint mythique. Une histoire d’amour émouvante.

Origines de la danse

Moriba était l’époux de Yassa. Tous deux s’aimaient d’un amour fusionnel. Moriba était l’époux exemplaire. Il avait presque toutes les bonnes qualités : homme généreux, doux, accueillant, droit et galant. Cela faisait de lui un homme juste et respecté. Jamais, il ne faisait d’histoire dans sa famille. Il était l’homme modèle du village et avait cette conception de la vie : après la pluie, c’est la rosée ; autrement dit, après le père de famille, ce sont les enfants qui prennent la relève. Quant à son épouse Yassa, elle était généreuse et bonne mère. Une bonne ménagère admirée par tout le village. Les deux amoureux formaient un couple exemplaire dont la générosité dépassait les frontières du pays.

Naissance d’une tradition

Après leur mort, leurs tombeaux devinrent un lieu de pèlerinage pour les femmes qui avaient besoin d'aide afin de tomber enceinte, guérir d'une maladie, avoir un mari ou encore régler des mésententes dans leur foyer. Mais les femmes n’étaient pas seules, les hommes s’y rendaient également en masse. Au cours de ces pèlerinages, des coqs et des poules étaient immolés par un homme appelé : ‘’Mouroukalamina’’. Ainsi, à chaque fois que les femmes imploraient Moriba et Yassa, leurs problèmes étaient résolus de façon miraculeuse. Les femmes dites stériles imploraient avec des incantations suivantes : « Si j’ai un garçon dans mon foyer, je lui donnerai le nom de ‘’Moriba’’ et si c’est une fille, elle portera le nom de ‘’Yassa’’ ». Lorsque le souhait était exaucé, il fallait obligatoirement respecter la volonté de Moriba ou de Yassa, sinon, l’enfant mourait très tôt. C’est ainsi qu’un chant populaire leur était dédié en ce jour heureux : « Musow ka Yassa, Moriba-yassa ». Et dans le village ou la ville, on entendait alors : « Kouhou-Koukou, Moriba-Yassa ».

Pour danser le Moriba-Yassa, la femme s'habille en haillons, se défait les cheveux, fait des folies et danse au rythme des tambours. Les autres femmes du village ou de la ville l'accompagnent avec des batteurs de djembé. Ils dansent plusieurs fois autour de la ville, vont généralement jusqu’à la périphérie du village, près d'un vieil arbre (parfois appelé le Moribayassa). Après une offrande matériellement insignifiante, elle enlevait ses habits de cérémonie, les laissait derrière l'arbre ou les y enterrait avant de rejoindre son domicile. Par la suite, c’est devenu un chant populaire à travers l’Afrique et le reste du monde. De villages en villages, de contrées en contrées, de pays en pays, le ‘’Moriba-Yassa’’ était devenu un espace de pèlerinage. Même les occidentaux venaient implorer ces deux sacrées personnalités (Moriba et Yassa), et ils retournaient satisfaits.

 

 

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