CULTURE: À la découverte du Sougounougou : la danse traditionnelle du Kabadougou.

  • Par Ethmane Issa
  • 13 Mars 2023
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Creuset de danses folkloriques et culturelles, la région du Denguelé est un pôle d'attraction culturelle et touristique, à l'image du mont Denguelé ou Fils Unique. (Son histoire vous sera racontée avec tous les détails).


     Une ville cosmopolite où cohabitent de nombreuses ethnies en dépit des divergences culturelles qui font d'elle une ville particulière.

     Il y a des danses traditionnelles emblématiques en Côte d'Ivoire. En effet à l'évocation de leurs noms, on les identifie facilement à travers leur histoire, la région qui les pratique etc. Il y en a par contre dont l'histoire n'est pas très connue et la danse elle-même est méconnue. C'est le cas du Sougounougou : la danse traditionnelle du Kabadougou. Notre découverte nous a conduit à la source.

    Autrefois village de Vakaba TOURÉ, la ville d'Odienné est un creuset de danses folkloriques et culturelles. Selon l'histoire, Vakaba TOURÉ fait partie de ses premiers guerriers ayant conquis ce territoire pour s’installer. Il aurait conquis Odienné grâce à sa puissante armée, à l'image de Samory TOURÉ. Mais il est important ici, de rappeler que les habitants de cette ville cosmopolite ne sont pas que les TOURE. Il y a même plusieurs ethnies qui cohabitent en harmonie. Dernière ville de la Côte d'Ivoire située à environ 900 kilomètres d'Abidjan, à la lisière de la Guinée et du Mali, la ville d'Odienné est pourtant un vivier culturel qui compte en matière d'attraction touristique en Côte d'Ivoire. Un sujet dont l’équipe de Djasso s’est préoccupée en se donnant la joie de parcourir 900 kilomètres, pour vous faire découvrir ce qui représente une attraction et une véritable richesse pour cette localité.

        Le Sougounougou, ou l'animal avec son cou, est une danse traditionnelle de la région de Kabadougou. Mais avant cette appellation, il y en avait d'autres à l'époque, dont les pas étaient exécutés par les doyens de la région qui en sont les pionniers. Aujourd'hui, c'est la jeune génération qui perpétue cette danse alors qu'elle ignore complètement son histoire. Comment alors promouvoir une chose alors qu'on ne sait rien de son histoire ?

Inza SANGARÉ connaît bien le Sougounougou et son histoire bien qu'il ne soit plus un chanteur. Quatre générations sont venues après lui.

        « Cette danse à l'époque appelée Tchèdjougouba ( en malinké, ce qui fait référence à tout ce qui est laid) était l'affaire des vieillards. Ce sont eux les initiateurs. Viennent ensuite leurs successeurs avec le nom fougbè dont le nom de cet accessoire.  Après eux, les jeunes ont commencé à s'y intéresser. Et c'est à ce temps-là qu'on parle du Sougounougou. » , nous explique Inza.
Chapeau sur leur tête, des sacs en plastique tissés autour de leur hanche et sur leurs pieds, un ensemble de fer qui, pas après pas, donnent des rythmes sonores. Le Sougounougou est purement une danse de réjouissance. Elle n'a pas d'interdits auxquels il faut se soumettre même si, elle reste trop physique pour les femmes. L'une de ses spécificités, elle se pratique à la nuit tombée autour du feu. Ce jour-là, nous aurons la chance d'assister à un de ces moments particuliers, dans le département de Gbéléban, à 70 kilomètres d’Odienné. Hamed et ses collègues vont honorer leur ami. Ce jeune aime particulièrement cette dans à laquelle il a été initié dès son bas-âge.   

       « Moi, depuis enfant, je danse le Sougounougou. C'est mon frère aîné qui m’en a donné l'amour. C'est notre danse traditionnelle. C'est notre culture. Et je vais toujours la danser. Au moment où je parle, nous nous apprêtons pour un show à Gbéléban en l'honneur de notre ami. »

        Parler de Sougounougou sans imiter ces dangereux animaux dans leur état offensif, serait une impertinence. Des gestes qui ont été transmis par ses pionniers dont la plupart étaient de grands chasseurs et qui ont quelque fois, affronté ces animaux sauvages. Alors pour montrer le mystère et l’originalité de cette danse, ces jeunes se déguisent en bêtes sauvages pour ensuite les imiter et en face d'eux, des chasseurs guerriers. En le faisant, c’est une manière de rendre hommage à ces vieillards pour leur bravoure. Un spectacle qui amuse le public plus que ça ne l’effraie.

        « Au cours de cette danse, nous montrons à quoi ressemblent ces animaux que les chasseurs rencontrent parfois les nuits en brousse. Parmi ces animaux, figure le gorille. Mais l'objectif en les imitant, est d'amuser le public et saluer le courage de ces chasseurs. Le Sougounougou, je le rappelle, est la danse d'Odienné. »

     Cerise sur le gâteau, le ballet des animaux vient renforcer l'harmonie et instaurer la paix dans les différents couples à travers des sketchs. Des sketchs qui sont toujours accompagnés de chansons. Derrière elles, des messages tels que le respect de l'autre, la non-violence et la communication dans les familles qui sont entre autres des valeurs promues par cette danse et qui restent pour Inza SANGARÉ, un sacerdoce. Inza SANGARÉ va au-delà de l'ambiance. Il explique que « Le Sougounougou a un moment donné, va au-delà du ballet des animaux. Nous faisons en sorte qu'il ait la cohésion sociale à travers nos sketchs. C'est pour cela on fait sembler d'imiter parfois les couples en difficultés. Histoire de leur interpeller de façon indirecte sur les différends. Et ça marche bien. »

          Le souhait de ces jeunes et d'Inza, c'est de faire connaître le Sougounougou à l'instar des autres danses traditionnelles du terroir, organiser des festivals de danse auxquels s'ajouteront d'autres événements folkloriques de la région. Mais aussi, c'est surtout amener le Sougounougou au-delà des frontières ivoiriennes. Mais le défi est très énorme parce qu'il n'est assez connu et encore moins valorisé, comme le reste des danses traditionnelles ici, en Côte d’Ivoire.

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