Côte d'Ivoire: Papa Wemba, quatre ans après sa disparition.

  • Par Akina De Kouassi
  • 28 Avr. 2020
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24 avril 2016, 24 avril 2020 : il y a quatre ans que le père de la Rumba moderne a fait ses adieux à la scène, au micro et à son public en pleine prestation à Abidjan.


Cette mort en live qui ne cessera pas d’affecter ses nombreux fans à travers le monde était souhaitée par l’artiste lui-meme. Incontestablement, Papa Wemba était « le prince de la sape », faisant ainsi rever une jeunesse africaine qui voyait en lui un modèle hors pair.

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« Papa était le chef de fil de la sapologie, la société des ambianceurs et des personnes élégantes. Au début, les gens n’avaient pas compris l’esprit de ce concept quand ils l’accusaient de vouloir pervertir la jeunesse. Mais le mouvement de la sapologie et des ambianceurs n’a rien d’une dépravation. Une personne bien habillée, qui n’a de souci que d’ambiancer, n’a pas le temps de se livrer à une bagarre ou à la débauche. Ce mouvement a pu canaliser des esprits bien fougueux », nous apprend Jojo Armany, membre de la société des ambianceurs et des personnes élégantes.

En ce 24 Avril, à l’occasion de la date d’anniversaire de son décès, des cérémonies d’hommage ont eu lieu en la mémoire de Papa Wemba tant dans son pays qu’ailleurs. En RD Congo où repose son corps, les membres de son orchestre « Viva la Musica » se sont rendus sur son sépulcre pour y déposer des gerbes de fleurs. De même à Abidjan, précisément à Marcory-Anoumabo, sur le site qui abrite le Femua où l’artiste a rendu le dernier soupir en pleine prestation, un hommage lui a été rendu ce vendredi 24 avril 2020, par son manager d’Afrique, Marie Laure Yaone, entourée de ses filleuls : dépôt de gerbes et prières étaient au menu de cette journée.

Quatre ans après, le moins qu’on puisse dire est que l’émotion est toujours vive dans le cœur de celle qui a assisté le musicien durant 20 ans. « Je garde assez de souvenirs de l’homme. 20 ans de collaboration, je dois avouer que tout dans mon esprit n’est que Papa Wemba », déclare Marie Laure Yaone, avant d’ajouter que la mort de l’artiste pèse lourdement sur sa communauté. « Il n’était pas seulement qu’un artiste pour nous, c’était un père qui assumait pleinement ce rôle. Toujours présent à nos côtés dans le malheur comme dans le bonheur. », précise-t-elle en écrasant une larme.

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Les dernières conversations entre l’artiste et son manager était d’ordre professionnel comme elle nous l’a fait savoir. Etant à Kinshasa pour d’autres productions, le manager Afrique de Papa Wemba, Marie Laure Yaone, n’était pas présente à Abidjan pour le « dernier » spectacle de son artiste. Il était accompagné ce jour-là par son manager Europe. « On échangeait donc au téléphone. Avant sa prestation, on a eu à échanger pour savoir si tout se passait bien, au niveau organisationnel. », précise-t-elle. Quant à Jojo Armany, un proche de Papa Wemba qui était l’une des dernières personnes à échanger avec l’artiste, il déclare que : « Papa avait l’air très impatient, tellement il voulait être sur scène ! Mais ça tardait pour lui. A un moment, il a enlevé le vêtement qu’il portait ; il a ensuite demandé une tasse de thé ».

Marie Laure Yaone qui était habituée aux spectacles de Papa Wemba ne s’imaginait pas le pire quand on lui a annoncé au Congo Kinshasa, que son artiste venait de faire une chute sur la scène au Femua. « Quand il est tombé, j’ai été aussitôt informée. Comme on venait de faire un concert où il chantait la chanson Blessoué de Cestère et qu’il s’est laissé tomber et il pleurait, je me suis dit que c’était une scène similaire ». Et pourtant, cette chute qui l’a emporté était loin d’être une expression de ses émotions.

Quant à son opinion sur la polémique suscitée sur les réseaux sociaux, Marie Laure Yaone répond avec fermeté : « C’est Dieu qui a permis, ça n’avait rien à avoir avec les poisons. Je ne vois pas pourquoi on l’empoisonnerait ici (En Côte d’Ivoire, Ndlr), où tout le monde l’aimait beaucoup et lui-même il le rendait bien aux ivoiriens. L’histoire du micro ça nous arrive plusieurs fois. Je réponds que cette polémique est une polémique à deux balles. Je profite pour réitérer mes remerciements aux ivoiriens qui lui ont rendu un hommage digne. »

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