CI/Oswald Kouamé : « Tout est musique » - Partie 1-

  • Par Yaya konaté
  • 05 Mai 2019
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Oswaldo Kouamé est un percussionniste de renom, considéré par bon nombre d’observateurs comme l’un des meilleurs percussionnistes de la planète.


 Article en 2 parties 

Cet élève de feu le Professeur Niangoran Bouah était de passage dans son pays natal. Le concepteur et initiateur de « Tout est Musique » a accordé une interview à la rédaction de djasso.com.

Serait-il exagéré de dire qu’Oswald Kouamé est l’un des meilleurs percussionnistes au monde ?

(Rires). Non je n’irais pas jusqu’à dire cela. Mais je maîtrise assez bien mon domaine.

Oswald et l’art, c’est une histoire qui dure depuis combien de temps ?

Depuis plus de 20 ans. J’ai commencé depuis tout petit ; déjà à l’âge de 5 ou 6 ans, j’avais déjà des talents de musicien. Et c’est à 9 ans que j’ai commencé à être percussionniste. Je jouais dans les églises un peu partout. Après je suis entré à l’INSAAC. J’étais brillant et j’ai commencé à avoir beaucoup de sollicitations un peu partout, vu que j’utilise des objets insolites comme les ustensiles de cuisine, le mortier, le pilon, la casserole, le tamis, l’eau, les branches d’arbre, le sable, les gravillons et bien d’autres pour faire de la musique. C’est tellement nouveau. C’est comme ça que j’ai travaillé pour une structure autonome  pour un voyage sur le Canada qui a débouché sur de nouvelles opportunités pour moi.

Est-ce que les parents ont compris tôt ce que vous respiriez à l’intérieur de vous ?

Non, ils étaient réticents au départ vu que la musique est marginalisée par la société. Surtout que mon père est un expert géomètre et ma mère enseignante. Ils n’ont pas voulu au départ que j’embrasse une carrière de musicien. J’ai dû forcer. C’est après cela que je suis rentré à l’INSAAC. Mais ce n’était pas facile. Parmi leurs trois enfants, j’étais le plus actif. J’ai même fait 1an sans leur adresser la parole vu qu’ils n’acceptaient pas mon choix. Après ils ont accepté et aujourd’hui, ils sont très fiers.

Qu’est-ce qui vous a inspiré des objets pour émettre des sons ?

Mon inspiration, elle vient de Dieu. Tout s’est passé de manière bizarre. Un jour chez nous, à la maison, pendant que ma mère pilait du foutou et la femme qui s’occupait souvent de nous tamisait le riz, tous les sons qu’elles émettaient ont capté mon attention. Ça a créé quelque chose en moi qui m’a bouleversé. Je me suis dit « et si… », je suis dit que je pourrais faire quelque chose à partir de ça. Et j’ai commencé à y réfléchir.

Après les tournées, vous rentrez véritablement dans le milieu très fermé de la musique internationale et vous rencontrez des célébrités

En effet, beaucoup de célébrités. D’abord ici Côte d’Ivoire, j’ai joué avec plusieurs artistes musiciens. J’ai participé à l’orchestre les Genesis de la télévision ivoirienne. Avant de partir au Japon, j’étais le percussionniste de Meiway. À l’international, j’ai fait des rencontres avec Stevie Wonder, Richard Bona, Lokua Kanza. J’ai partagé des scènes avec Alpha Blondy, Youssou Ndour, Angélique Kidjo, etc.

Et là, vous décidez de partir à la rencontre d’une autre culture, un autre regard de l’art, l’Asie. Comment vous vient cette envie d’aller en Asie et plus précisément au Japon ?

L’art n’a pas de limite. C’est comme le soleil, il se lève partout. J’adore la culture asiatique. Cette discipline musicale qu’il y’a dans la culture asiatique m’attire. J’adore aussi  le Taiko, les percussions japonaises. Je me propose de valoriser la culture ivoirienne à l’extérieur et pour cela il faut aller loin, là où le pays n’est pas connu. Il y’a peu de temps, les japonais ne savaient qu’il y’avait un pays qui se nomme Côte d’Ivoire. Mais maintenant si grâce au travail que les ivoiriens ont fait là-bas.

Comment les japonais vous ont accueilli dans votre particularité ?

Ils m’ont bien accueilli et ils ont tout de suite éprouvé de l’intérêt pour ce que je faisais. Je donne même des cours de percussion, de musicologie et  d’expression corporelle dans des universités japonaises de Tokyo, Musachino et Kumamoto et dans les écoles pour enfants. Je donne aussi des spectacles où le public afflue. C’est dire combien de fois je suis bien inséré là-bas.

Comment se fait il que vous enseigniez à l’université, ici on se dit qu’il faut un grand diplôme pour enseigner là-bas ?

En Asie, ce n’est pas le cas. L’asiatique est beaucoup plus pratique. On  ne mise pas sur la théorie mais sur le savoir faire. En plus de mon savoir faire. J’ai aussi fait des études dans mon domaine. Je suis sorti chercheur musicologue. J’ai même écrit un livre sur la percussion en Japonais, qui sort bientôt en français, édité par Yamaha Musique. Je me perfectionne toujours.

Quel est l’objectif principal de votre arrivée ?

Je suis là parce qu’une chaine de télévision japonaise réalise un documentaire sur mon parcours. Aussi j’en profite pour mettre sur les rails mon projet de construction d’une grande université de musique à Jacqueville en partenariat avec le Japon.

Comment peut-on définir votre philosophie musicale ?

C’est le N’zassa, un mélange de plusieurs sonorités pour donner quelque chose d’unique.

Quelle lecture faites-vous de cette musique populaire,  le ‘’coupé décalé’’?

J’écoute souvent. Mais je pense que cette musique bouleverse les codes préétablis en musique. Dans toute musique l’on doit percevoir une introduction, un  développement et une conclusion. Mais on ne sent pas ce cheminement dans le coupé décalé. On sent la confusion.

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