CI/ Kiya Dongossi : ‘’Nous travaillons à révolutionner l’art clownesque dans le pays’’

  • Par Yaya konaté
  • 18 Avr. 2019
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Kiya Dongossi est directrice du groupe Bouldegum Côte d’Ivoire, structure initiatrice du festival jeunesse et arts de rue d’Abidjan, chargée des arts de la rue au MASA.


Artiste dans l’âme, Kiya Dongossi a adopté l’art de la rue depuis sa tendre enfance. Elle en a fait son domaine de prédilection. Dans cette interview, elle partage avec nous sa passion de l’art clownesque et l’art de la marionnette.

C’est quoi les arts de rue ?

Les arts de rue, c’est transporter l’art de la salle à la rue.

Comment on en est arrivé là ?

Si on revient cinquante ans en arrière, le théâtre c’était pour les bourgeois. Tout le monde n’avait pas les moyens d’accéder aux spectacles. L’art a donc été déporté dans la rue pour permettre à tout le monde d’en profiter.

Comment l’art vous a-t-il conquise ?

C’était il y’a vraiment longtemps. J’étais encore adolescente. Quand je partais à l’école déjà, j’avais commencé l’art. J’ai fait près de deux ans avec Marie-Josée Hourantier. J’ai été avec Ymako Téatri. Un jour j’ai croisé Catherine Gérard, la trésorière du groupe et j’ai participé à un atelier de marionnettiste. J’ai trouvé à l’art de la marionnette un petit coté enfant avec les figurines auxquelles on donne vie. J’ai été impressionnée. Tout est parti de là. J’animais les ateliers avec Catherine. On faisait  des spectacles de marionnettes et de clown dans les centres culturels français, les écoles françaises. Elle m’a initiée petit à petit. Et quand elle est partie, il fallait continuer à gérer ‘’Bouldegum’’. Elle a crée ‘‘Bouldegum Belgique ‘’ et ‘’Bouldegum Côte d’Ivoire’’ est restée. Toute jeune, j’ai commencé à gérer le groupe. Au jour d’aujourd’hui, je dirais que l’élève à dépassé le maitre. On est devenue internationale. On fait appel à nos services dans la sous région et dans les autres pays.

Est-ce que votre structure travaille à ce que d’autres personnes embrassent ce métier ?

Nous travaillons à révolutionner l’art clownesque dans le pays. Grâce à une subvention de l’union européenne, nous avons fait une tournée dans quelques villes de la Côte d’Ivoire pour montrer notre art aux populations. C’était dans les années 2003 à 2005. Les gens ont plutôt bien apprécié. Notre art a commencé à véritablement prendre étant donné que dans les fêtes infantiles on se produisait beaucoup. On combinait le volet animation clown et celui de spectacle marionnette. On pouvait donner plus de 300 spectacles par an.

Comment on devient marionnettiste ?

Il faut d’abord aimer le métier et se former par la suite. Il faut avoir l’esprit de créativité. Il faut être peintre, sculpteur, couturier, metteur en scène... il faut être tout à la fois. Dans l’art de la marionnette, on apprend tout. Avec moi, c’est une formation toute complète. Tu apprends à créer les marionnettes, à les habiller, à les manipuler et à les porter. C’est un métier très passionnant.

Y’a-t-il beaucoup de femmes marionnettistes en Côte d’Ivoire ?

Il y’a quelques jeunes filles qui essaient de s’y intéresser.

Est-il possible de vivre de ce métier ?

En tant qu’artiste, il faut bien vivre de son art. On a donc eu l’idée de créer des marionnettes géantes pour pouvoir faire des parades. On fait aussi des spectacles de rue. Le constat qu’on a fait que c’est que l’art clownesque fait rentrer beaucoup d’argent dans nos caisses que la marionnette. Donc on mise beaucoup plus dessus sur le divertissement clownesque en y associant la marionnette. Avec l’art clownesque, on n’enviera le salaire de personne. Si tu veux jouer au théâtre, c’est peine perdue car il n’y a pas beaucoup de personnes qui y vont. Il faut savoir mettre du sérieux et de la ponctualité et ça paie.

Parlant du Massa, quelle est l’expertise que vous apportez ?

C’est en tant que professionnel des arts de la rue que le Massa depuis quelques années m’a fait appel pour arriver à sélectionner les compagnies qui opèrent dans l’art de la rue. On sélectionne avec le président de la commission les compagnies qui sont aptes à participer au Massa.

Un message aux jeunes filles qui pourraient avoir envie de se lancer dans ce secteur d’activité...

Il faut aimer ce qu’on fait. Quand il y’a l’amour on va de l’avant. Il faut aussi y mettre du sérieux et de la volonté. Il ne faut pas tendre la main tout le temps. Il ne faut pas attendre tout de l’Etat. Il faut prendre des initiatives et être ambitieux. J’ai l’habitude de dire à tous mes collaborateurs que le clown le plus riche du monde est allé sur la lune. Qu’est-ce qu’il a à envier à un chef de ministre ou à un autre. Il a le plus grand cirque du monde : le cirque du soleil. Mais c’est à force de travailler. Chaque année, il envoie les gens à travers le monde pour sélectionner les meilleurs afin qu’ils travaillent dans le cirque du soleil au Canada. Quand tu regardes ça, ça te donne le courage de te battre. Il faut apprendre un métier parce que tôt ou tard ça paiera.

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