Afrique: Wole Soyinka, une plume au service de la liberté.

  • Par Yaya konaté
  • 16 Sept. 2019
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Premier africain prix Nobel de littérature, Wolé Soyinka est fils d’instituteur, né le 13 juillet 1934 à Abeokuta au Nigeria.


Fils d’instituteur, dans un pays qui était encore sous domination britannique, il est très tôt impliqué dans le combat de son pays pour l’indépendance. Il part étudier à l'université de Leeds puis au Royal Court Theater de Londres, Angleterre à l’époque coloniale et s’engage à son retour dans la résistance contre les colons britanniques.

Très surveillé par les autorités, le "lion de Lagos" est arrêté et incarcéré en 1960, en raison de divers textes très critiques envers le gouvernement ; puis, de nouveau quatre ans plus tard, sous prétexte d’avoir voulu occuper une station de radio afin d’empêcher la diffusion de résultats truqués lors d’une élection. En 1967, au début de la guerre civile, il est accusé d’avoir aidé les rebelles du Biafra à acheter des armes, et passe alors vingt-sept mois en isolement dans une cellule minuscule. Il écrit sur tous les bouts de papier dont il peut se procurer : ces notes de prison seront ensuite compilées et publiées en 1972.

Libéré de prison en 1969, il prend la tête du département d’études théâtrales de l’université d’Ibadan, passe ensuite cinq ans en Europe. En 1975, il rentre au pays et reprend sa carrière universitaire tout en poursuivant ses activités politiques militantes et en voyageant de par le monde : il enseigne notamment à Harvard, Yale, Cornell et Cambridge. Le 10 décembre 1986, il devient le premier africain à obtenir le prix Nobel de littérature. A propos de cette récompense, il déclare : " Il y a des gens qui pensent que le prix Nobel vous rend insensible aux balles. Pour ma part, je ne l'ai jamais cru." Entre 1993 et 1998, il est à nouveau contraint à l’exil suite à son opposition aux exactions de la dictature militaire en place. Il est jugé par contumace pour haute trahison mais les charges sont annulées en 1998.

En 1994, il devient Ambassadeur auprès de l’Unesco pour la promotion de la culture et de la communication en Afrique. En 1997, il est nommé Président du Parlement international des écrivains. Considéré comme un écrivain majeur dans le monde anglophone, ses pièces sont régulièrement représentées. Il est à préciser que son œuvre se situe à la croisée des cultures yoruba et anglo-saxonne, africaine et européenne.

Son slogan : Vérité, réparations et réconciliation. Un slogan qu’il défendra aussi en tant que professeur à Johannesburg, en Afrique du Sud, sa nouvelle patrie, dès le moment où il a décidé de quitter son exil américain en déchirant sa carte verte (permis de résidence aux États-Unis) qu’il avait obtenue en 1994.

Cela en réaction à l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, contre qui il avait déjà fait part de son hostilité, notamment en raison des positions de ce dernier sur l’immigration. "Cela a été une horreur pour moi de voir des centaines de milliers applaudir Trump. Là je me suis dit : je ne veux plus vivre ici !" affirme-t-il dans « Le journal de Munich ».

Wole Soyinka est l’auteur d’une soixantaine de romans, pièces de théâtre et poèmes où il explore le passé mythique de l’Afrique et les difficultés que ce continent dépecé par le colonialisme rencontre dès lors qu’il tente de se forger un avenir. Parmi ces œuvres, on peut citer entre autres : Aké, les années d'enfance (1984), Cet homme est mort (1986), Les Interprètes (1991), La route (1993), La Danse de la forêt (2000), Les gens du marais (2000), La mort et l'écuyer du roi (2002), Il te faudra partir à l'aube (2007), etc.

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